Les économistes de Dexia ont livré leur dernière analyse de la conjoncture mondiale. Pour eux, si la santé de l'économie s'améliore plus vite que prévu, elle reste cependant en convalescence. Et de nouvelles poussées de fièvre ne sont pas à exclure.

Les signes ne trompent pas, l'économie redémarre partout dans le monde. Y compris en Belgique. De quels signes parle-t-on ? Tout d'abord, le baromètre de conjoncture de la Banque nationale de Belgique a remonté la pente depuis le minimum atteint en mars dernier, peut-on lire dans l'analyse du mois de septembre des perspectives économiques réalisée par Dexia. Autre signe tendant à prouver que l'économie a retrouvé la voie de la croissance : le chômage technique "a fortement reflué". Ainsi, il est retombé de 313.000 travailleurs en mars à 127.000 travailleurs en juillet. "Cela signifie que les entreprises ont rembauché leur personnel pour augmenter (voire reprendre) leur production." Autres signes relevés dans cette étude : les entrées de commandes à l'industrie. Ces dernières ont augmenté de 8,6 % entre avril et juin. Durant la même période, la production industrielle, elle, s'est stabilisée. À noter également que la confiance des consommateurs est, au mois de septembre, au même niveau qu'avant la crise. Enfin, les exportations sont en hausse en juin et juillet.

"Si cette reprise étonne, elle est cependant conforme à un processus classique dans le déclenchement et la sortie d'une récession, à savoir les mouvements sur les stocks", relèvent les économistes de Dexia. Et d'expliquer : "Après la tempête de septembre, les entreprises ont réagi en coupant brutalement leur production, servant la demande en puisant dans leurs stocks. Mais lorsque ceux-ci sont arrivés à zéro, elles ont repris leur production. C'est ce qui s'appelle la reprise technique." Habituellement, après une récession, on observe une forte reprise de l'économie. Mais si la reprise s'amorce bel et bien, elle sera laborieuse, précise l'analyse. Le choc a été violent aussi, les entreprises et les ménages restent prudents dans leurs dépenses. Sans oublier que de nombreuses faillites sont encore à craindre. Tout comme l'augmentation du chômage (les prévisions du Bureau du plan annoncent 100.000 chômeurs de plus en 2010). "Faillites et chômage réagissant classiquement avec retard à l'évolution de la conjoncture." Autres risques potentiels relevés : une envolée des prix pétroliers ou une chute sévère du dollar.

Conclusion : "L'après-récession ne sera guère enthousiasmant. La réaccélération de l'économie belge sera plus laborieuse qu'après la récession de 1992-1993. Alors qu'en 1994, le PIB bondissait de 3,3 %, il ne devrait progresser que de 1,5 % en 2010."