Publié le : 06 juillet 20204 mins de lecture

La Conférence nationale pour les pensions vient (enfin) d’accoucher d’un « livre vert » qui servira de base aux négociations politiques sur les réformes nécessaires en matière de pensions. Une des priorités relevées : il va falloir travailler plus longtemps.

Travailler plus longtemps ne veut pas dire reculer l’âge de la retraite au-delà de 65 ans. Il s’agit surtout d’encourager les plus de 55 ans à poursuivre leur carrière pendant trois ans en moyenne. À l’heure actuelle, à peine 35 % des travailleurs de cette tranche d’âge sont encore actifs. La moyenne européenne, elle, est de 45 %. Mais cette piste ne sera pas la seule à creuser si l’on veut assurer le financement des pensions à long terme. On le sait depuis de nombreuses années, l’espérance de vie augmente. Il y a donc davantage de « pensionnés ».
Le système de la pension légale fonctionne « en répartition », sur base des cotisations des personnes actives. L’augmentation du nombre de retraités alourdit la charge pesant sur ceux qui travaillent. La situation se complique encore vu la réduction du nombre de postes de travail. Cela fait des bras (donc des cotisations) en moins. Pour que le tableau soit complet, ajoutons qu’il ne faut pas trop compter sur les finances publiques pour combler le manque. La crise est aussi passée par là et l’État est en déficit. Il devra aussi faire face à l’augmentation des dépenses de santé liées au vieillissement.
Le « livre vert des bonnes questions » le rappelle au fil de ses 318 pages. Il résume les constats des groupes de travail de la Conférence nationale pour les pensions sur le système des pensions belge, avec des comparaisons européennes.
Qu’en ressort-il ? Grosso modo, que ce soit au niveau belge ou au niveau européen, trois pistes sont évoquées, a rappelé le ministre des Pensions, Michel Daerden (PS), devant la Chambre. Diminuer les pensions, réduire de manière « drastique » la dette du pays et maintenir plus longtemps les gens – surtout les 55-64 ans – au travail.
Dans le « livre vert », les deux premières pistes sont d’ores et déjà jugées impraticables. Diminuer les pensions semble en effet difficile car elles sont plutôt basses par rapport à d’autres pays européens. Réduire la dette du pays ? « Dans le contexte économique actuel, je ne vois pas bien comment nous pouvons réduire la dette publique plus rapidement qu’au rythme que nous impose le programme de stabilité qui cible un budget en équilibre en 2015 », expliquait Michel Jadot, coordinateur de la Conférence nationale pour les pensions, dans les colonnes de « Trends ».
Reste donc la solution de garder les gens plus longtemps au travail. La piste que soutient le ministre des Pensions. Une prise de position qui a provoqué des réactions. Notamment de la ministre des Indépendants, Sabine Laruelle (MR) qui, dans une interview accordée à « Vers l’Avenir », a montré qu’elle appréciait peu que l’on donne des solutions avant d’en discuter. Le débat semble déjà ouvert.
Plan de l’article

Pratique

Trois piliers. Le système des pensions belge est basé sur trois piliers : les pensions légales, les pensions collectives complémentaires ou extralégales, et enfin les assurances pension volontaires individuelles. Trois régimes de pension. Sur base de la carrière, on distingue le régime des travailleurs salariés, le régime des fonctionnaires et le régime des travailleurs indépendants.
Livres. Le projet de « livre vert » a été transmis aux différents membres de la « task force » qui se réunira les 19 et 26 février, a expliqué le ministre Daerden à la Chambre. Sa version définitive est attendue pour la première quinzaine du mois de mars. Il sera alors soumis au gouvernement, au parlement puis présenté aux citoyens au cours de rencontres débats. Les propositions concrètes, elles, seront reprises après négociations, dans une proposition de « livre blanc » qui devrait être soumise au gouvernement pour la fin juin 2010.