Publié le : 06 juillet 20204 mins de lecture

Le gouvernement régional bruxellois est rentré, dirigé par Charles Picqué. Comme toujours ou presque ! Ministre-président de 1989 à 1999, il a dû céder le poste cinq ans. Puis il est revenu en 2004 à la tête d’un Olivier (PS, CDH, Écolo). Il rempile suite aux élections de juin. Il a accordé une interview à Union & Actions…

– La déclaration gouvernementale 2009-2014 aborde évidemment de nombreux sujets. Quels en sont les objectifs prioritaires ?

– En premier lieu, il est absolument nécessaire d’établir une bonne coopération entre la Région bruxelloise et les autres niveaux de pouvoir : les deux autres Régions, les Communautés, l’État fédéral et les communes.
Une coopération interrégionale plus étroite dans des domaines tels que la mobilité et l’aménagement du territoire est indispensable pour un développement socioéconomique harmonieux. Du niveau fédéral, nous attendons des mesures de refinancement de la Région, une optimalisation de l’accord Beliris (NDLR : fonds fédéral pour permettre à Bruxelles d’assurer son rôle de capitale) et la modification de certaines législations inadaptées aux réalités socioéconomiques bruxelloises. Enfin, les communes sont en première ligne pour connaître les besoins de la population et y répondre. Il est primordial de renforcer la complémentarité et la collaboration entre les communes et la Région, ce qui signifie l’étude, en concertation, d’une nouvelle répartition des rôles entre ces deux niveaux de pouvoir.

– Quelle est votre priorité en matière socioéconomique ?

– Notre politique doit prendre en compte les défis liés à l’essor démographique sans précédent auquel sera confrontée la Région dans les prochaines années, largement supérieur aux prévisions pour les autres Régions. Relever le défi démographique commande une concentration des moyens pour construire des logements et de nouveaux équipements, développer des crèches et des écoles accessibles à tous, assurer une mobilité performante et des services de qualité à la population. Et bien sûr créer des emplois pour les Bruxellois.

– Précisément, en ce qui concerne l’emploi, quelle sera votre stratégie ?

– Il y a de gros efforts à faire pour l’insertion socioprofessionnelle, notamment des jeunes. Les investissements en formation sont donc cruciaux, principalement au niveau linguistique et pour des fonctions peu qualifiées. Le gouvernement prône notamment l’obligation du « contrat de projet professionnel » pour les jeunes sortant de l’école et l’organisation de formations courtes pour les fonctions critiques dans les secteurs identifiés comme gisements d’emplois importants, en particulier l’horeca, le commerce et la construction.
À plus long terme, la promotion du bilinguisme pourrait passer par une évaluation des résultats obtenus par les projets pilotes d’écoles en immersion afin d’examiner, dans le cadre d’accords avec les Communautés, l’opportunité de créer des écoles bilingues. Mais j’insiste sur le fait que de telles initiatives doivent profiter à tous et non être réservées à une élite.

– Avez-vous un message à adresser au monde patronal bruxellois et en particulier aux petites entreprises ?

– Certainement. Je lance un appel aux entreprises pour qu’elles assument leurs responsabilités en promouvant et en organisant, en leur sein, des actions de première expérience professionnelle. C’est une opération win-win : le jeune travailleur peut se familiariser avec les réalités du monde du travail et présenter un curriculum vitae d’une plus grande qualité ; l’employeur a, grâce à cette action, l’opportunité de disposer de personnel et de le former pour répondre à ses besoins spécifiques.