Publié le : 06 juillet 20205 mins de lecture

La Région bruxelloise fournit 680.000 postes de travail, mais son taux de chômage représente le double de celui de la Wallonie. Pour améliorer la situation, Benoît Cerexhe veut s’appuyer sur les PME.

Benoît Cerexhe (CDH) est responsable de l’Économie et de l’Emploi en Région bruxelloise depuis 2004. Il a de nombreux défis à relever, en particulier celui de mieux faire profiter les Bruxellois eux-mêmes d’une économie globalement solide. Rencontre…

– Comment réduire le chômage, problème grave en Région bruxelloise ?

– Il faut soutenir le déploiement d’une activité économique diversifiée. J’entends concentrer mon action sur certains secteurs prioritaires, porteurs d’emploi : le commerce, l’horeca, le tourisme, la construction-rénovation, le non-marchand, les services de proximité et les secteurs créatifs et innovants. Un pacte multisectoriel entre la Région, les secteurs concernés et les partenaires sociaux mettra en oeuvre une série de mesures avec une attention toute particulière pour les PME et les TPE.

– Comment soutenir, précisément, les PME et TPE ?

– Nous devons préserver un climat favorable aux entrepreneurs, malgré la crise. Les aides publiques et un cadre fiscal propice aux investissements seront maintenus. Un effort d’exonération supplémentaire sera fait pour les entreprises qui s’installeront dans l’EDRLR (espace de développement renforcé du logement et de rénovation) et y créeront des emplois de proximité garantis pendant une certaine durée. Nous voulons faciliter l’accès au crédit pour les PME et les indépendants en renforçant le Fonds bruxellois de garantie. Nous veillerons à ce que la structure qui reprendra les missions du Fonds de participation fédéral soit dotée de moyens suffisants. Les organisations de classes moyennes seront présentes dans la structure pour le garantir. Enfin, au sein de la SRIB (Société régionale d’investissement), un fonds spécifique investira dans le capital des PME innovantes et en croissance. Brusoc, spécialisé dans le microcrédit aux publics défavorisés, sera pérennisé.

– Il y a également un problème d’espaces disponibles…

– C’est exact. Il faut davantage de terrains pour les PME industrielles et les entreprises de haute technologie. Des moyens suffisants seront apportés à la SDRB (Société de développement régional) afin de lui permettre d’assumer sa mission d’opérateur et intermédiaire immobilier pour l’expansion économique. La création de parcs PME (modules de 200 à 250 m²) sera encouragée.

« Commerçants, n’ayez pas peur ! »

– Dans la déclaration gouvernementale, l’attractivité des commerces de centre-ville est une priorité. Comment allez-vous la rencontrer ?

– Lors de la législature précédente, nous avons élaboré un « Schéma de développement commercial ». Il a permis de définir des options stratégiques. Nous allons élaborer une ordonnance sur la mixité commerciale pour les concrétiser.

– Qu’entendez-vous par « mixité commerciale » ?

– Il s’agit d’assurer, dans le respect du principe de liberté de commerce, une régulation de l’offre dans les quartiers commerçants. L’objectif est de renforcer l’identité de chacun et la complémentarité de l’ensemble. De créer aussi des synergies entre des noyaux voisins pour les rendre plus attractifs. Ne vous inquiétez pas, je travaillerai en pleine concertation avec les communes et les organisations de commerçants locales.

– La déclaration gouvernementale préconise un lien plus fort entre les quartiers du Haut et du Bas de la Ville par la couverture du tunnel entre la Toison d’Or et la Porte de Namur. Le projet inquiète beaucoup de commerçants, qui craignent notamment une implantation massive de magasins bas de gamme…

– Non, il ne faut pas avoir peur. L’espace créé par la couverture du tunnel ne sera pas piétonnier. Il doit servir à attirer des espaces commerciaux de grande qualité, non encore présents à Bruxelles. La Région est propriétaire de l’espace public et refusera des implantations inadéquates, de faible qualité. L’ordonnance sur la mixité commerciale renforcera encore les garanties offertes aux commerçants à ce sujet. Un cahier des charges fixant des critères d’accueil très sélectifs sera élaboré en concertation avec les commerçants existants.

– Ceux-ci s’inquiètent aussi des bouleversements de la circulation automobile…

– Les études préalables ne sont pas terminées. Je tiens à vous dire que le boulevard de Waterloo sera toujours facilement accessible en voiture, ce qui correspond aux souhaits de la clientèle. Je sais qu’on a parlé de supprimer la bretelle vers la Porte de Namur. Je suis prêt à demander aux ingénieurs en charge du projet de revoir celui-ci pour la maintenir ou trouver une autre solution équivalente.