La secrétaire générale de la FGTB, Anne Demelenne, propose de passer à quatre jours de travail par semaine afin de partager l'emploi. Pour l'UCM, cette proposition ne tient aucun compte des réalités des entreprises, ni même des aspirations des salariés. Quelle mouche a piqué Anne Demelenne ? Si la relance économique de notre pays est un sujet qui mérite la mobilisation de tous, ses récentes propositions pour sortir du marasme ont pour le moins surpris. Dans Le Soir, soulignant que le plan de relance et les mesures de crise décidées par le gouvernement en 2009 ne suffisent pas, elle a fait part de quatre mesures qu'elle souhaite voir appliquer en 2010. Et de citer l'instauration d'une taxe sur les opérations boursières, la création d'une banque publique (voir ci-dessous), un nouveau plan de soutien à l'emploi – où elle souhaite que l'on mette fin au système qui demande aux chômeurs de montrer qu'ils cherchent activement un emploi – et, cerise sur le gâteau, l'introduction de la semaine des quatre jours en supprimant en parallèle le chômage économique et le crédit-temps. La semaine de quatre jours généralisée n'existe dans aucun pays civilisé. Et pour cause ! Elle entraînerait pour la plupart des entreprises et en tout cas les PME des charges énormes et des difficultés insurmontables d'organisation. Si l'on veut faire flamber le chômage, multiplier les faillites et reporter la reprise aux calendes grecques, c'est la voie à prendre.

Les salariés ne sont pas des pions

En outre, cette proposition est peu respectueuse des différences entre salariés. Tous n'ont pas les mêmes besoins ni les mêmes capacités. Le crédit-temps apporte une réponse individuelle. Forcer les gens à limiter leur temps de travail à quatre jours, c'est répéter, en pire, l'erreur française des 35 heures et menacer leur pouvoir d'achat. Supprimer le chômage économique est un non-sens. Ce n'est pas une mesure de réduction du temps de travail mais une formule pour éviter les licenciements en période de difficulté pour l'entreprise. Sans cet amortisseur, les emplois seraient beaucoup plus volatils. Dans la même interview, Anne Demelenne suggère de cesser la politique d'activation des chômeurs. L'UCM rejette l'idée de les abandonner à leur sort. Aujourd'hui, il y a 60.000 postes de travail disponibles dans le pays. Imposer les quatre jours dans ces secteurs qui manquent de bras ne ferait qu'aggraver la situation. Les salariés ne sont pas des pions interchangeables. Face aux menaces sur l'emploi, ressortir les formules qui ont échoué dans les années 70 et 80 n'est d'aucune aide. C'est prioritairement par un soutien aux petites et très petites entreprises qu'on évitera le pire et accélèrera la reprise. Car si le pic de la crise est généralement passé pour les grandes structures, c'est en ce moment que beaucoup de PME sont obligées de se battre pour éviter les licenciements.

L'État n'est pas une banque

Parmi les mesures proposées par la FGTB figure celle de créer une grande banque publique "qui pourrait irriguer le système économique et stimuler la création d'emplois." L'UCM n'est pas demandeuse. À chacun son métier et celui de l'État n'est pas d'être banquier, même si les conditions de crédit se sont effectivement durcies avec la crise. Il existe déjà des structures publiques destinées à assurer l'accès des entreprises au crédit. Elles remplissent plutôt bien leur rôle, que ce soit le Fonds de participation, la Sowalfin en Wallonie ou les invests. "La Sowalfin peut, par exemple, apporter sa garantie aux prêts octroyés par des banques mais son action s'étend aussi aux lignes de crédit et aux avances de trésorerie", note Clarisse Ramakers, conseillère à l'UCM. En réponse à la crise, son champ d'action a été élargi : limité aux activités industrielles, il a été étendu à l'horeca, aux commerces de détail et aux professions libérales. C'est ce type de réponse qu'il faut apporter, sans créer un nouveau mastodonte public dont l'efficacité reste à démontrer.